Marcelle, première missionnaire du mijp2 rencontrée par Martial
Je lui demande quelle est sa prière et elle me répond : « Je prie pour mourir … »
J’ai bien compris que ce n’était pas une prière pour une bonne et sainte mort mais simplement parce qu’elle en avait assez de vivre dans de telles conditions. Elle continue : « J’étais médecin à Paris, j’étais très engagée spirituellement quand j’étais jeune, je ne manquais jamais la messe, je soignais les malades… et maintenant je me retrouve seule, complètement inutile, à la charge de tout le monde, sans aucun secours de l’Eglise. Je n’ai plus aucun intérêt à vivre… »
J’ai essayé de lui faire comprendre que ce qu’elle vivait, pouvait devenir porteur de grâces immenses, qu’elle pouvait, si elle le voulait, porter l’humanité et l’Eglise dans son cœur : si seulement elle savait le poids de grâces attachées à une seule seconde de vie offerte… Je l’ai invitée à devenir cette goutte d’eau mêlée au vin du calice et qui au moment de la consécration devient Sang du Christ. Et je lui dis : « Si vous faites ce pèlerinage au fond de votre cœur, à la rencontre de notre Seigneur qui est là depuis votre baptême, en vous unissant totalement à lui qui continue sa passion en vous, dans cette union sacrée, vous allez devenir hostie vivante offerte et vivre intensément votre mission sacerdotale de baptisée ; c’est-à-dire être prêtre avec le Christ. Là vous allez être totalement unie au grand Prêtre, le Sacré Cœur de Jésus grand ouvert qui s’offre et continue à se donner par vous, pour toute l’Eglise et le monde entier ».
Deux visites plus tard, je rentre dans sa chambre et la trouve rayonnante et souriante. Elle me dit en me serrant fortement : « Martial, venez que je vous embrasse. J’ai compris maintenant, et non seulement j’ai décidé de ne plus pleurer et de ne plus prier pour mourir, mais je suis heureuse de vivre et de vivre dans l’état où je suis. Si j’ai été médecin toute ma vie pour soigner le corps des gens malades, aujourd’hui, dans ma grande faiblesse, le Seigneur me donne de devenir médecin des âmes, en union avec lui qui est crucifié avec moi ; et ceci dans cette chambre où je suis cloîtrée jusqu’à la fin de ma vie, »
Méline, baptisée à l’article de la mort
Dans un des hôpitaux que je visite régulièrement, un membre du personnel me dit un jour : « Martial, nous avons une petite dame âgée, amputée d’une jambe, qui est très fatiguée… elle est adorable et s’appelle Méline, si vous pouviez la visiter… ».
Je ne connaissais pas cette dame et au moment où je frappe à la porte de sa chambre, j’ai l’intuition qu’elle n’est pas baptisée. Il est évident que l’on ne demande jamais à un malade en entrant dans sa chambre s’il est baptisé ou non ; cependant, après m’être présenté et l’avoir saluée, je sentis le besoin de le lui dire. Je pris un ton amusé pour ne pas humilier Méline : « Oh ! vous Méline, vous n’êtes pas baptisée ! » Elle sursauta et répliqua: « Comment pouvez-vous savoir cela ? Personne dans mon entourage ne le sait»
Accepteriez-vous que je vous parle du baptême afin de vous aider à mieux comprendre le don de Dieu ? » « Avec plaisir Martial », me répondit-elle. Je l’embrasse, la bénis et lui dis la joie que j’ai de l’avoir rencontrée.
Quelques jours plus tard, mon téléphone sonne, c’était Marguerite, la secrétaire de l’hôpital. Elle était en larmes et m’annonçait que Méline, allait nous quitter. « C’est fini m’annonce-t-elle, elle est dans un profond coma, ce sont ses derniers instants de vie, je vous demande de prier pour elle, et de faire beaucoup prier autour de vous puisqu’elle n’est pas baptisée »
Je l’assure de nos prières et lui dis qu’elle peut faire plus encore ! « Tu vas aller tout de suite la baptiser ! » Surprise, elle me dit : « Mais je ne peux pas faire cela » ; « Non seulement tu peux le faire, mais tu as le devoir de le faire puisque Méline va mourir », dans ces circonstances l’Eglise te donne le droit de procéder à son baptême; même si tu n’étais pas toi^-même baptisée, tu pourrais le faire !
A l’issue de la célébration elle m’appelle de nouveau et émue aux larmes me dit : « Martial, c’est incroyable ! À la fin du baptême, lorsque j’ai dit ‘Amen’, Méline, tout en restant inconsciente, a profondément inspiré avant de lâcher un profond soupir ! On a eu l’impression qu’elle était soulagée de quelque chose d’important. »
Elle ne croyait pas si bien dire, puisque Méline venait de naître de nouveau pour être enfant de Dieu en étant purifiée de toute faute originelle et personnelle.
Une heure plus tard, Marguerite et Rachel reviennent dans la chambre voire Méline, et quelle ne fut pas leur joie lorsque en ouvrant la porte, elles entendirent Méline dire : « J’ai faim ! » Elle était revenue à elle, visiblement rétablie de manière extraordinaire à la suite du baptême !
Témoignages relatés par Martial CODOU dans son livre « Le Monastère Invisible«